Expositions


>D’UNE DÉRIVE L’AUTRE OU LA TENTATIVE DU TWIN FIN
Olivier MILLAGOU & Arnaud MAGUET
16 avril - 28 mai 2011
appartement/galerie Interface

Nous sommes dans la place. Nous sommes dans la place depuis toujours. Regardez autour de vous. L'immobilier, les droits sur l'eau, le pétrole, le travail bon marché - tout ça c'est à nous, ça a toujours été à nous. Et vous, au final, vous êtes quoi ? Une unité de plus dans ce fourmillement de gens de passage qui vont et viennent sans s'arrêter ici au soleil du Southland, pressés de se faire acheter avec une voiture de telle marque, tel modèle et telle année, une blonde en bikini, trente secondes sur une pauvre vague - un hot dog au chili, nom de Dieu ! Nous ne seront jamais à court de gens comme vous. Le stock est inépuisable.
Thomas Pynchon in Vice caché (2009)

Deux romans décisifs enchâssent intellectuellement pour moi la période séminale qui va de 1965 à 1970 sur la côte ouest américaine. Le second, qui relate le crépuscule de cette utopie, Inherent Vice, est cité ci-dessus. Le premier, The Electric Kool-Aid Acid Test (1968) de Tom Wolfe, l'inaugure en, d'une manière prophétique, annonçant son déclin. "Tout était déjà foutu d'avance, mais on s'est quand même bien marré" pourrait-on dire si ça avait été le cas et si
nous avions réellement vécu cette parenthèse enchantée sous le soleil californien (nous nous serions même contentés de son écho sous des cieux moins cléments). Ce n'est pas le cas. Nous sommes trop jeunes et français. Passagers clandestins d'un Kon-Tiki qui aurait, plus au nord que l'original, dérivé d'une côte à l'autre, nous fantasmons ses voyages - plus à l'ouest en général aussi.
Vers des îles au sud de nulle part nous dérivons. Sur certaines nous nous échouons et trouvons quelque chose à ingurgiter, puis nous repartons. Comme les frégates qui cinglent l'azur, plus tard nous régurgiterons ces choses sous une forme mutante digérable par nos contemporains et nous-même. C'est une opération connue de toussous ces latitudes, une question de survie dans notre paysage paradoxal, paradisiaque et hostile, rude et indolent. Nous savons bien que
l'enfer est pavé de bonnes intentions, et que, si l'on s'en tient au sol, tout va bien. Nous avons présentement choisi de regarder vers l'horizon, notre contrescarpe, et d'attendre, que, comme nous, des fragments du passé partent et reviennent selon flux et reflux. Quand leurs mouvements se synchronisent aux nôtre, nous nous agrippons à la flottaison de ces frêles esquifs espérant qu'ils nous mènent plus loin encore.
De-ci de-là les restes flanquent donc l'espace d'exposition, échoués d'aventures passées : des bois brûlés et gravés, reliques d'architectures héroïques et fugaces ; un archipel de noix de coco vidées de leur substance comestible et remplies d'une manière de triste balade exotique ; un phare de fortune qui, dans la pénombre, opère ses 33 révolutions par minute en silence ; des colliers de pierres qui, pour souhaiter la bienvenue, vous font courber l'échine comme l'esclave que vous auriez pu être, que vous êtes peut-être ; une trilogie filmique qui, au gré des images empruntées, narre, sous le soleil, l'histoire de la falsification de l'Histoire ; des affiches et des disques vinyles qui compilent ce tout et peuvent l'emporter (dans la limite des stocks disponibles) aux quatre vents, au fil des courants, des marées, et des naufrages futurs.
Il y aura enfin la collaboration, ce gros mot français qui, d'une dérive à l'autre, nous éloigne des cartes, des territoires, et de leurs châteaux. La collaboration des deux dérives (ou twin fin) qui, au creux de la vague, nous évite le dérapage, la chute, l'effort de devoir rejoindre la surface et de s'apercevoir que l'on ne se trouve plus exactement là où nous le pensions. Ailleurs, donc.

Arnaud Maguet



>ASHES TO ASHES
Lydie JEAN-DIT-PANNEL
16 avril - 15 mai 2011
Musée Magnin

“Lydie Jean-Dit-Pannel est une artiste toujours en mouvement. Au travers de projets au long cours, elle questionne l'image et le vivant. Depuis la fin des année 80, son travail a pris forme au travers de la vidéo, de la photographie, de la performance et de l'installation. Depuis 2004, elle devient elle-même une image en mouvement, grâce à une approche singulière du tatouage. L’œuvre de Lydie Jean-Dit-Pannel se constitue in progress à travers le monde. Nourrie de la littérature de Richard Brautigan ou de Charles Bukowski, de films d’horreur et de rock’n’roll, l’artiste travaille essentiellement la vidéo, mais expérimente aussi des dispositifs sonores, des collages, photographies et objets.” Stephen Sarrazin

En 2010, dans le cours de sa longue migration rythmée par les images, l'artiste Lydie Jean-Dit-Pannel se rend à Los Angeles pour un hommage à Charles Henri Bukowski. Pour One+One, la photographie alors réalisée trouvera logiquement sa place au Musée, comme un ultime salut de l'artiste à l'écrivain : trônant sous le festin des Dieux, dominée par Suzanne, veillée par une courtisane.



>ROCK IT
Philippe CAZAL, Jérôme CONSCIENCE, Philippe GRONON, Joël HUBAUT
23 avril - 28 mai 2011
Galerie Barnoud

Philippe CAZAL
À ses débuts, Philippe Cazal réalise des assemblages d'objets en résonance avec les symptômes de la société. Ses principaux sujets d’inspirations sont la ville, le social, l’économie, le politique, le poétique et aussi la position de l’artiste contemporain.

Jérôme CONSCIENCE
« Jérôme Conscience capture les mots comme d'autres le font des images. C'est un artiste de mots, capteur de langue. Faire de la langue l'objet d'une proposition artistique c'est jouer d'elle en la rendant image. Mais pour que cela soit possible, pour que le mot redevienne image que sans doute il a été originellement, il faut prendre la langue à son propre piège, en isoler les petits travers. Jérôme Conscience traque les jeux de mots, les incongruités où la langue se perd… » Louis Ucciani

Philippe GRONON
“ Tous les objets que je photographie ont une valeur d'usage ” précise Philippe Gronon, comme s'il voulait marquer par là le caractère de contiguïté de ses modèles, leur charge d'une trace, voire d'une empreinte. Depuis le tout début des années 1990, Philippe Gronon développe un travail photographique dont le point de départ est la définition la plus simple — et historique — de la photographie elle-même, à savoir qu’elle est une technique de fabrication d’images qui enregistre la réalité telle qu’elle est. C’est en restant au plus près de ce constat-là et de son exigence de réalisme, voire de vérité, que l’artiste a composé au fil des années plusieurs
séries d’images dont bon nombre sont aujourd’hui encore régulièrement complétées.

Joël HUBAUT
Depuis 1970, Joël Hubaut place l'épidémie au centre de sa réflexion sur l'art et la société. Il s'agit d'un projet d'envahissement et de contamination par la prolifération de signes épidémik qui prolifèrent dès lors dans toutes ses productions et intègrent tous les supports dont s'empare l'artiste qu'il s'agisse d'objets, de véhicules, de corps ou d'espaces qu'il re-mix. Ce faisant, l'artiste entend critiquer un ordre moral fondé sur la manipulation des comportements et le contrôle des individus1 : on nous contamine, écrivait-il, on nous conditionne, on nous moule, je dois réagir aux inquisitions, aux uniformités et trouver mon propre vaccin pour faire éruption dans les rouages modélisés dominants (…) impossible pour moi de concevoir le saucissonnage et la spécialisation cloisonnée des médiums, des appareillages culturels balisés. 2

1- Patricia Brignonne, in. Joël Hubaut Re-mix épidémik,
Esthétique de la dispersion, Les Presses du Réel, 2006, p.56
2 - Joël Hubaut, in. Op.cit p. 41



>Performance de STONE & CHARNEL (Joël HUBAUT & Léa LEBRICOMTE)
23 avril
Galerie Barnoud

“Plasticiens aux univers bucoliques et étranges, leur attitude hybride expansée (voix amplifiée, guitare expérimentale, gestes incongrus) engendre un mix scénique aléatoire qui convoque autant le concert que la sculpture. Une énergie décalée, un flux trouble, conceptuellement punko-zen et tragiquement parodique.
Joël Hubaut est un artiste difficilement classable. Plaçant l’épidémik et la contamination au centre d’une réflexion sur l’art et la société, son recours à la parodie et à la dérision peut prendre une dimension véritablement tragique.
Léa Le Bricomte construit des performances qui convoquent la bave et la sécrétion des escargots
pour lesquels elle avoue une nette addiction. Elle a notamment présenté Dancefloor pour escargots lubrillants au Palais de Tokyo. Au fil des performances qu’elle partage avec Joël Hubaut, Léa Le Bricomte tente d’expérimenter l’imprévisible percolation entre poésie sonore et rock-métal par des processus flexibles et spontanés et cela comme un prolongement possible de leurs expériences plastiques.”

Extrait du communiqué de presse de la scène nationale de Cherbourg-Octeville, Le Trident, dans le cadre des performances du Stone & Charnel Tour.



>UN+UN
Bertrand Kelle et Edouard Barra
29 avril - 15 mai 2011
Eggo Galerie

Edouard Barra est un photographe autodiacte évoluant au sein de différents collectifs de photographes, dont le collectif Altervisions qui a travaillé pour l'association Why Note et auquel on doit une série de prises de vue des festivals Sons en Scène et Ici l'Onde.
Pour cette première collaboration, Bertrand Kelle et Edouard Barra se proposent de revisiter les codes graphiques et photographiques de pochettes de disques emblématiques de la rock culture en resserant le propos autour des liens directs ou indirectes qui peuvent de nouer entre musiciens et plasticiens (Clash - Pollock, Velvet Underground - Warhol, John Lennon - Yoko Ono)...



>ARTIST MUST BE BEAUTIFUL
Annelise RAGNO
30 avril - 15 mai 2011
Musée des beaux-arts de dijon

Artist must be beautiful est une vidéo en hommage à Marina Abramovic. Des rockeurs, filmés tour à tour face caméra, se préparent à la représentation. La précision de leurs gestes et l'attention qu'ils portent à ce moment évoquent le raffinement du tableau la dame à sa toilette.

“Les artistes et les rockeurs vivent et dansent sur des couteaux. Toujours à la lisière de la vie et de la mort, ils naviguent sur cet objet en acier inoxydable froid mais tranchant, sec mais sanglant.(...)Annelise Ragno a produit en 2008 une ré-interprétation de la vidéo de Marina Abramovic en filmant des rockeurs en train de se coiffer. Le bruit des sèche-cheveux remplace le slogan de la précédente qui souffle de manière incessante une musique mécanique. Le geste des rockeurs semble plus calculé que celui de Marina. Chaque rockeur qu'Annelise a pris soin de débusquer nous dévoile en effet tel un rite magique, sa touche personnelle, tout le soin apporté qui relève d'un savoir faire personnel et d'une forme de virilité revendiquée tel un soudeur qui travaille le métal. Le geste et la coiffure que ce soit la banane ou la crête, sont comme des codes qui forment et soudent la communauté. Même si on peut les trouver un peu dérisoires et superficiels ; ils apparaissent primordiaux et pour tout bon rockeur qui se respecte, il faut avoir sur son crâne une coiffure digne de ce nom, qui en elle-même porte toute l'histoire d'un mouvement, d'Elvis en passant par Johnny Cash. La coiffure rock
est un emblème du même statut que la guitare faisant partie d'une esthétique d'ensemble.”

extrait du texte de Mathias Daisey, “Le rock, l'art, la mèche et les couteaux”, publié dans le journal horsd’oeuvre n°27.



>ELZO DURT
10 mai - 06 juin 2011
café culturel de la Vapeur

Elzo Durt (Bruxellois d'origine) n'est pas musicien mais son processus de création s'apparente à celui d'un dj. Pop art,surréalisme, comics & art psychédélique des années 60 et 70, Elzo ingère toutes ces influences avant de les mixer. Elzo inonde la Belgique de ses images psychédéliques et punkoïdes, en faisant flyers et posters pour de multiples soirées et concerts avant de travailler pour des groupes musicaux (dont ceux du label Born Bad Records : Cheveu, Jack of Heart, The Magnetix...) pour des marques de sport, il créera des visuels de snow-board, pour divers magazines... Elzo, le prolifique, tient également sa galerie «Plin tub' » à Bruxelles dédiée à l'art déviant ainsi qu'une maison d'éditions du même nom. Son plus grand bonheur est de parcourir le monde pour présenter ses mythiques posters imprimés en sérigraphie!